Le protestantisme est une tradition diverse, où une grande liberté est donnée à la croyante ou au croyant, ce qui fait qu’il existe beaucoup de mouvements et de courants pas toujours en accord les uns avec les autres. Voici cependant 7 points qui font consensus dans notre tradition (cliquez sur la ligne pour lire un paragraphe qui la détaille) :
1. Dieu aime chacun·e sans condition (la grâce seule)
Dans notre société où nous sommes jugé·e·s en permanence, où seule compte notre performance, où nous devons « gagner notre vie », le protestantisme annonce un message radical : nous sommes autre chose que la somme de nos actes. Notre vie, nous ne pouvons pas la gagner, elle nous a été donnée, gratuitement. Rien de ce que nous pouvons faire (ou pas faire) changera le fait que nous sommes enfants de Dieu, et aimé·e·s par lui.
2. Chacun·e est appelé·e à rencontrer Dieu (la foi seule)
Débarassé·e de notre quête du mérite, nous pouvons cesser de nous regarder le nombril, et nous laisser rencontrer par Dieu. De cette rencontre naît une relation de confiance entre un être humain et Dieu qui s’appelle la « foi », c’est un décentrage qui nous permet de vivre pleinement, comme créature aimée. La grâce est ce qui enlève le poids du mérite, la foi est ce qui permet d’avancer.
3. La lecture de la Bible nourrit notre vie (la Bible seule)
Cette foi n’est donc pas une croyance mais une confiance. Cette confiance ne se met pas dans n’importe quel Dieu, mais dans un Dieu qui prend la décision de nous rencontrer, nous, nos ancêtres et nos descendant·es. La Bible est un ensemble de témoignages de personnes que Dieu a rencontré, et qui racontent comment la Parole de Dieu leur est parvenue. La Bible n’est pas la Parole elle-même, mais elle est le vaisseau qui la transporte jusqu’à nous, et par laquelle nous pouvons entendre Dieu nous parler à nous, dans la prière et par l’action du Saint-Esprit.
4. Le Christ est la rencontre entre Dieu et l’humanité (le Christ seul)
La Bible nous raconte comment cette confiance en la grâce de Dieu se cristallise dans la vie d’un être humain : Jésus de Nazareth. En lui, Dieu lui-même a vécu ce que les humains vivent. En lui, Dieu a mangé, bu, dormi, pleuré, ri, et a connu tout ce qu’une vie humaine apporte de positif et de négatif, jusqu’à la mort. En Jésus, c’est donc Dieu lui-même qui meurt sur la Croix. En Jésus, Dieu abolit tout ce qui nous sépare de lui, et se met à notre portée. Et quand Jésus ressuscite, il montre la voie qui est celle qui attend l’humanité : une vie si entière que même la mort ne peut rien contre elle.
5. L’Église évolue au rythme de l’humanité (réforme permanente)
La Vérité n’est donc pas une série de doctrines figées, mais une personne : Jésus-Christ. Nul·le ne peut enfermer une personne dans un ensemble de mots et c’est pourquoi notre compréhension de la Vérité ne peut que se modifier, génération après génération. L’Église, formée d’être humains imparfaits, ne peut qu’être elle-même imparfaite et doit changer, conservant ce qui doit être conservé mais rejetant les erreurs du passé. C’est ce que Luther, Calvin et bien d’autres ont fait au XVIe siècle quand ils ont fondé le protestantisme, et c’est ce que nous faisons toujours aujourd’hui.
6. Chacun·e a sa place dans l’Église (sacerdoce universel)
Un de ces changements que Luther et les autres réformateurs ont mis en avant c’est l’idée de la totale égalité de toutes les croyantes et tous les croyants. Il n’y a plus de distinction entre les prêtres, les moines et les autres chrétien·nes ; il suffit d’être baptisé·e pour être prêtre. Chacun·e a donc sa place et exactement la même importance que tous·tes les autres !
7. Rien n’est sacré ou absolu en dehors de Dieu (à Dieu seul la gloire)
Et cela a un effet inattendu : la liberté ! Le sacré, l’absolu, c’est ce qui est si important, si pur, qu’il est désirable de lui consacrer sa vie. Idéologies politiques, sports, et même mouvements religieux, quand ils prétendent être sacrés (en utilisant ce mot ou pas), enferment celui ou celle qui y participe : on ne peut pas remettre en question quelque chose de sacré ! Or, pour nous, les pasteur·es ne le sont pas, l’Église ne l’est pas, même la Bible ne l’est pas : seul Dieu l’est, or Dieu est intangible. En chassant les idoles, religieuses ou non, de notre vie, nous pouvons vivre en femmes et hommes adultes et libres, capable de juger par elles- et eux-mêmes, sans sacraliser notre propre point de vue, et en reconnaissant donc que nous pouvons nous tromper. Ce qui n’est pas grave : comme on l’a dit au point 1, nos erreurs n’empêcheront pas Dieu de nous aimer !
Si vous souhaitez découvrir d’autres positions du protestantisme, il existe une série de dépliants appelés « Ce que nous croyons » (ce sont certains de ces dépliants que vous pouvez télécharger en cliquant sur « En lire plus » ci-dessus). Vous pouvez en voir la liste et les feuilleter sur cette page du site de l’UÉPAL. Et si vous souhaitez en discuter, n’hésitez pas à nous contacter (si vous n’êtes pas du coin, notre pasteur sera ravi d’échanger avec vous à distance et de vous rediriger vers une paroisse près de chez vous, si tel était votre désir) !
Quelques ouvrages pour aller plus loin
Si vous cherchez une courte introduction aux principes fondamentaux du protestantisme : GOUNELLE André, Les grands Principes du protestantisme, Lyon : Olivétan, 2011, 96 p. (présentation en ligne).
Si vous cherchez une introduction un peu plus longue au(x) protestantisme(s) : GAGNEBIN Laurent, PICON Raphaël, Le Protestantisme : La Foi insoumise, Paris : Flammarion (Champs. Essais), 42025, 240 p. (présentation en ligne).
Si vous êtes agnostique, c’est-à-dire que vous ne croyez pas en Dieu parce que vous jugez que cette question n’est pas résoluble et/ou pas importante : NOUIS Antoine, Lettre à mon gendre agnostique pour lui expliquer la foi chrétienne, Genève : Labor et Fides, 2010, 104 p. (présentation en ligne).
Si vous êtes ou avez reçu une éducation catholique : NOUIS Antoine, Lettre à ma belle-fille catholique pour lui expliquer le protestantisme, Genève : Labor et Fides, 2023, 120 p. (présentation en ligne).
Si vous êtes intéressé·e par la spiritualité sans être attiré·e par les religions : LECOQ Martine, Lettres à un jeune chercheur de Dieu, Genève : Labor et Fides, 2025, 168 p. (présentation en ligne).
Si vous avez déjà quelques idées sur le protestantismes, par exemple parce que vous avez lu un des livres ci-dessus, ou parce que vous avez de vagues souvenirs du catéchisme de votre enfance, mais que souhaitez approfondir, un de ces trois ouvrages conviendra :
- PERNOT Louis, Un Christianisme pour le 21e siècle, Lyon : Olivétan, 2020, 156 p. (présentation en ligne), le plus résumé des trois, mais qui pose malgré tout toutes les questions essentielles ;
- THEISSEN Gerd, Questions de foi : Dire le christianisme autrement, Lyon — Paris : Olivétan — Salvator, 2021, 328 p. (présentation en ligne), par un grand spécialiste de la Bible allemand, sous forme de questions-réponses ;
- NOUIS Antoine, Un Catéchisme protestant, Lyon : Olivétan, 32024, 836 p. (présentation en ligne), le plus complet.


